La musique française réussit au Quatuor Tchalik ! Après un disque Reynaldo Hahn unanimement salué par la critique, les interprètes sont au rendez-vous du centenaire de la disparition de Camille Saint-Saëns avec les deux Quatuors à cordes, op. 112 & 153 ; un enregistrement qui illustre à nouveau avec éloquence la maîtrise et la maturité des quatre jeunes musiciens. " On ne peut faire un quatuor à cordes qu'à vingt ans, lorsqu'on a l'ignorance et la témérité de la jeunesse ou à soixante, lorsqu'on possède une expérience consommée et qu'on n'ignore plus rien de son art ", disait Saint-Saëns. L'auteur du Carnaval des animaux attendit la pleine maturité pour se confronter à la forme reine de la musique de chambre puisque ses deux Quatuors naquirent respectivement en 1899 et 1918. Moins connus que ceux d'autres compositeurs français, ces ouvrages comptent toutefois parmi les chefs-d'œuvre chambristes de l'époque. Le public et les commentateurs ne s'y trompèrent pas, qui réservèrent un magnifique accueil au 1er Quatuor dans lequel le compositeur, renouant avec l'esthétique classique du " quatuor brillant ", a su trouver une voie originale et personnelle entre le souvenir du modèle beethovénien et l'esthétique franckiste. Engagement, lyrisme frémissant, sens de l'architecture : les archets des Tchalik réunissent toutes les qualités requises par l'Opus 112 et parviennent à une version qui promet de faire date. On ne résiste pas moins à l'esprit du Quatuor n°2 ; au soir de sa longue existence Saint-Saëns y renoue avec l'esprit du XVIIIe siècle et montre une finesse et un esprit que le Quatuor Tchalik traduit avec autant de fraîcheur que de complicité stylée.