Voici un récit d'alpinisme qui surprend à plusieurs titres, par sa force, son réalisme, son refus de la complaisance, et malgré tout par l'amour de la montagne et la fascination de cette activité unique qu'est l'alpinisme. Rochette, dessinateur bien connu dans le registre du comique avec Edmond le cochon dans les années 1970, auteur du mythique Transperceneige en 1984, nous livre ici sa jeunesse dans un style réaliste et quasi clinique, aidé pour le scénario par Bocquet. Ailefroide, c'est le nom d'un des sommets mythiques des Ecrins, haut lieu de l'escalade rocheuse et glaciaire. Enfant renfermé, le jeune Jean-Marc a la révélation de la haute montagne et s'y investit au point de se rêver guide, d'accumuler les courses et les voies célèbres, toujours plus ardues. Le récit montre beaucoup ses compagnons de cordée, en un hommage discret car nombre d'entre eux se sont tués en montagne. A vingt ans, Rochette a déjà plusieurs fois frôlé la mort et perdu des amis, il s'essaye au dessin mais la montagne le rappelle. Une ascension facile et maîtrisée, un rappel banal, une pierre qui frappe et lui détruit la face, une survie miraculeuse... Rochette sera dessinateur et non guide. Il n'est pas nécessaire d'avoir gravi une falaise ou regardé le monde depuis un sommet pour comprendre cet exceptionnel témoignage, simple, honnête et tellement humain, tellement authentique. Une confession, pleine d'amour et de respect pour le royaume des cimes, où la seule victoire réelle est de vivre vieux...