Pour Georges Pompidou, succéder au général de Gaulle en 1969 n'est pas tâche facile. Surtout après les événements de 1968 et la débâcle du référendum sur la régionalisation. Georges Pompidou n'est pas un baron de la Résistance ni de la politique. Issu de la société civile, loin de la pompe gaullienne, on peut le considérer comme le premier président "normal" de la Ve République. La conjoncture économique globalement bonne et une majorité écrasante au Parlement lui donnent les moyens de moderniser le pays. C'est ce qu'essaie de faire son Premier ministre, Jacques Chaban-Delmas, avec son projet de "nouvelle société". Mais l'obsession du maintien de l'ordre jette le doute sur la capacité de la droite à sortir de sa cécité économique et sociale, et la gauche en profite pour se renforcer. Scandales et affaires ponctuent ces années. Néanmoins, grâce au dynamisme de sa jeunesse et à un courant d'intellectuels qui détournent le pays du terrorisme que connaissent certains de ses voisins, la France vit des années d'effervescence créatrice et les plus belles heures de sa contre-culture. Un peu partout, tracts, affiches, bandes dessinées et journaux fleurissent, qui poussent la population à vivre l'utopie d'une civilisation meilleure, volontiers hédoniste, sans peur de l'avenir et sans tabous sexuels. Le mouvement hippie, le combat des femmes et les luttes sociales emblématiques, comme celle de Lip, donnent le ton des revendications nouvelles, en cette fin des Trente Glorieuses annoncée par le choc pétrolier de 1973. Cinq années exceptionnelles conclues brutalement par la mort de Pompidou en 1974. Le premier livre à nous faire parcourir en images une des périodes les plus fécondes et les plus exubérantes de la Ve République.