Des couleurs pâles, des conventions désuètes, des dimensions et un format inhabituels (31 x 12 cm, une carte de 210 cm de long !), des réclames surannées, un sens curieux de lecture, tels sont les caractères qui retiennent et séduisent. Tel est le Panorama des rives de la Loire, objet insolite paru en 1899 à Nantes. Cette réédition propose au lecteur-regardeur d'aujourd'hui des lectures historiques et patrimoniales du document et, au-delà, du territoire. Il constitue un passionnant support didactique à une approche historique de la Basse-Loire. Il incite à la relecture de l'histoire industrielle de l'estuaire, une de ses composantes identitaires majeures. En 2001, cette publication s'inscrit dans les perspectives contemporaines, les débats et les intérêts que se jouent et se nouent autour de l'estuaire : trait d'union, dénominateur commun, espace partagé de cette « métropole d'équilibre » qui émerge lentement, au coeur et aux marges de cet espace, depuis les décisions de l'Etat dans les années soixante. Dépassant le mécanisme parfaitement huilé que le Panorama met en scène, on devine une réalité autrement plus complexe. Avec la présentation de Didier Fleury, on mesure les difficultés rencontrées à la cale du Migron par le bateau à vapeur et on comprend que la foi dans l'avenir et le progrès, la perfection affichée et la séduction de cette communication publicitaire dissimulent des contraintes plus prosaïques d'aménagement du territoire. En suivant l'histoire sociale brossée par Claude Geslin, on perçoit ce que masque chacune des petites vignettes de l'âpre réalité du travail. En bref, il s'agit aussi, et surtout, de voir avec cette réédition le dessous des cartes.