Que sont devenues les jeunes filles incarcérées dans les « Bons-Pasteurs » de Nantes, d'Angers ou d'ailleurs ? Fugueuses soupçonnées d'inconduite, « Juliette » du ruisseau entraînées par des « Roméo », jouvencelles coupables de menus larcins ou de vandalisme en bande, rebelles osant faire front à l'autorité parentale ou ayant déserté le domicile familial, samaritaines avides des plus troubles fontaines, jeunes filles accusées d'infanticide, victimes de maltraitance ou de violences sexuelles, comment ces malheureuses, figées dans un univers exclusivement féminin, ont-elles vécu le régime de clôture auquel la plupart ont été soumises « jusqu'à la vingt et une », âge de la majorité civile en vigueur dans les années 1960 ? Dans cet ouvrage, Jacqueline Biheu-Vimard croque sur le vif le portrait de Louise, une adolescente ordinaire, qu'un drame mène en maison de correction. Selon le juge, elle devait faire l'objet d'une surveillance active sous le rapport des mœurs. Quel était le milieu d'origine de Louise ? Avait-elle des rapports avec ses parents ? Quelle en était la nature ? Il faut lire ce livre dont l'histoire n'est pas le fait d'un cas unique mais l'exemple type de ces « incasables » que des institutions religieuses ont fait marcher droit, par la force. Après avoir vécu l'indicible, ces jeunes filles se sont murées dans le silence, un silence qui leur a servi de protection contre la honte et la culpabilité.